23/08/2013
Introduction de la 5ème Lettre IP de la CNIL
« Pourquoi s’intéresser au quantified self (ou « auto-mesure de soi »), ce mouvement du mieux-être venu des États-Unis et qui rencontre aujourd’hui un engouement certain?
Qu’il s’agisse des applications mobiles de santé, des balances connectées et autres capteurs physiques de mesure de forme, des réseaux sociaux de malades, etc., ces nouvelles pratiques numériques du quantified self se fondent sur des modes de capture automatique et de partage de grandes masses de données personnelles, initiés par les individus eux-mêmes et ce – paradoxe – dans un domaine, la santé, qui touche par essence à l’intimité de la vie privée de chacun…
Comme le souligne le fort intéressant rapport du CGEIET, ces pratiques sont susceptibles de faire évoluer de façon profonde la manière d’appréhender la santé et corrélativement de faire de la médecine.
Pour la CNIL, et dans le prolongement des travaux conduits dans le cadre du chantier vie privée 2020, il était donc naturel d’essayer d’analyser plus en profondeur l’impact de ces nouvelles pratiques sur la protection des données personnelles de santé. Quels sont les usages émergents ? Pourquoi les individus sont-ils si désireux de se mesurer et de partager leurs données ? Quel statut conférer à ces données – d’un type un peu particulier – à la frontière du bien-être et de la santé ? Quels modèles économiques se Dessinent ? Faut-il et comment envisager de nouveaux modes de régulation dans ce domaine ?
Autant de champs à explorer pour la direction des études, de l’innovation et de la prospective, autant d’actions et de démarches à conduire : entretiens avec les experts du sujet, tests de capteurs par le laboratoire de la CNIL, étude économique de ces nouveaux acteurs qui investissent le champ de la santé, etc.
Cette 5ème lettre IP est l’occasion de dresser un premier état des lieux. D’autres publications suivront.
Ces premiers travaux confirment que la quantification de soi semble bien correspondre à un mouvement citoyen de fond de contrôle de ses données mais qu’en ce domaine aussi, la donnée personnelle est au cœur de ces nouveaux modèles d’affaires.
Alors qu’apparaissent les premières lunettes connectées porteuses d’enjeux lourds pour la protection des données, la période actuelle est particulièrement décisive pour l’avenir de ce marché. La CNIL doit donc, là encore, jouer son rôle de régulateur en accompagnant l’innovation tout en veillant bien sûr à ce qu’elle ne se fasse pas au détriment de la vie privée de chacun… »
Sophie Vulliet-Tavernier, Directrice des études, de l’innovation et de la prospective
CNIL (France)
[imgtext align= »left » text= »A découvrir également dans la 5ème Lettre IP, l’Open data à la CNIL: un accès aux résultats des études menées ou soutenues par la CNIL sur les smartphones, sur la hausse du nombre de plaintes reçues, ou encore sur les Français et la biométrie. » style= »1″ title= » »]